BLE DUR SAISIR TOUTES LES OPPORTUNITES POUR DYNAMISER LA FILIERE

A l’occasion de la 22ème Journée nationale blé dur réunissant 300 représentants de la filière à Aix-en Provence le 4 février 2020, les acteurs de la région PACA, malgré l’effritement des surfaces et de la production de nouveau en 2019, ont montré qu’ils souhaitaient prendre en main leur avenir. La situation difficile que vit la filière, n’entame pas leur volonté de valoriser leur savoir-faire et d’innover pour satisfaire marchés et consommateurs. Et le plan de filière grandes cultures proposé par la région PACA veut fédérer les énergies, pour restaurer l’attractivité en redonnant de la valeur à tous les acteurs de cette filière.

Au cours de deux tables rondes, la 1ère intitulée « Quel futur pour le blé dur en région ? Des solutions à construire ensemble » et la 2ème intitulée : « Blé dur français et attentes des clients », les différents acteurs de la filière Blé dur ont souhaité explorer toutes les pistes pour sortir cette production de l’ornière dans laquelle elle se trouve aujourd’hui.

Dans une 1ère séquence, Arvalis a présenté une estimation au 15 janvier 2020 à 240 000 ha de blé dur pour la France (-4 %), soit une chute ininterrompue depuis 2017. L'Ouest Océan est la région le plus en retrait à 40 000 ha (-25 %), devant le Sud-Est à 40 000 ha (-5 %), quand le Sud-Ouest se stabilise à 77 000 ha, et le Centre progresse à 73 000 ha (+10 %).

En Provence-Alpes-Côte d'Azur, cette production subit de plein fouet les aléas climatiques et économiques. La filière est fragilisée, ses volumes de production ont globalement baissé. Le Blé dur, une des principales productions régionales a vu l’an passé ses surfaces atteindre le niveau le plus bas depuis 20 ans. En cause, les impacts extrêmement sévères du changement climatique qui entament les performances des cultures et leur rentabilité, mais également un marché peu porteur ces 3 dernières années et des aides PAC en large diminution, rendant la culture économiquement et durablement fragile.

Face à ce constat du blé dur en Paca, affichant des surfaces à « -40 % en dix ans », la filière blé dur du Sud-Est a participé avec l’appui de la région PACA, à l’élaboration d’un Plan de filière grandes cultures, autour notamment de la structuration des filières et la création de valeur et dessine 4 grandes ambitions :

  • Adapter la production et améliorer la compétitivité des exploitations ;
  • Améliorer la résilience des exploitations aux changements climatiques ;
  • Améliorer la structuration de filière et la création de valeur ;
  • Améliorer l’attractivité des métiers et la formation.

Pour Edouard Cavalier, Président de l’Association Blé dur Développement, il y a urgence pour sortir de la spirale négative de la diminution des surfaces et de la production et éviter d’atteindre le seuil où les agriculteurs et les acteurs économiques vont lâcher prise. Les soutiens agricoles et la mise en place de contrats de filière valorisant les qualités spécifiques reconnues du blé dur du Sud-Est peuvent encore faire sortir la filière de cette crise.

« Nous sommes arrivés à un seuil qui fait craindre le pire. Les organismes stockeurs risquent d’avoir vraiment du mal à maintenir des silos dans le futur et les semenciers à financer leurs recherches de variétés adaptées à nos climats. Nous nous enfoncerions encore plus dans la crise. Nous en sommes arrivés là, car nous sommes dans une zone à faible potentiel à 30 ou 40 quintaux par hectare soit moitié moins que dans les zones à haut potentiel. Nous subissons des fortes chaleurs suivies par des fortes inondations. Or, jusqu’en 2010, les aides de la PAC lissaient les mauvaises années climatiques ou les moments de prix bas ».

Alors, comment réagir ?

Tous les acteurs rencontrés ce 4 février à Aix en Provence semblent en convenir : il est urgent de faire appel à tous, élus locaux, régionaux et nationaux pour que la prochaine PAC réintègre des aides à la production afin de redonner aux producteurs l’envie de produire du blé dur.

Pour les différents acteurs au sein de la filière, il faut aussi trouver de la valeur ajoutée en signant des contrats de filière qui valorisent les qualités. Et il faut soutenir la recherche pour que le blé dur fasse jouer ses avantages agro-environnementaux dans les rotations. Ces dernières peuvent intégrer par exemple des légumes secs comme les pois chiches afin de lutter contre la déprise agricole. Sans oublier que toute terre cultivée est moins sujette à incendie qu’une terre abandonnée.

 

randomness