2017 : L’économie des céréaliers toujours fragile

Depuis le début de l’été, les prix de marché en céréales ont chuté considérablement pour atteindre la barre des 150 €/T de blé en rendu Rouen fin aout, soit autour de 130 €/T au départ des exploitations. A ce niveau de prix de marché, les céréaliers ne sont pas en capacité de rémunérer leurs activités.

De nombreux céréaliers vont devoir faire face à une nouvelle année délicate, et une fois de plus en zones intermédiaires touchées par des aléas climatiques au printemps 2017. La carte* de France ci-dessous présente la variation des rendements 2017 par département par rapport à la moyenne quinquennale 2011-2015. La prise en compte des résultats exceptionnels 2016 aurait masqué la réelle situation dans laquelle se trouvent ces zones. Même si la qualité de la récolte est exceptionnelle, la quantité de la récolte à certains endroits, et les cours ne permettent pas aujourd’hui d’envisager la campagne sous de meilleurs auspices qu’en 2016.

Variation de rendement blé tendre 2017 par rapport à la moyenne quinquennale 2011 2015

Déjà impactés depuis plusieurs années consécutives, les céréaliers ont besoin des pouvoirs publics pour passer ce énième cap difficile et retrouver le chemin de la compétitivité.

En 2016, les prix moyens perçus par les agriculteurs étaient inférieurs d’environ 10 à 15 % à la moyenne des 10 dernières années, du fait de l’offre mondiale en céréales abondante, alimentée régulièrement par la Mer Noire. On peut craindre que pour les mêmes raisons, accentuées par la remontée de la parité €/$, les prix restent en retrait, de près de 20 % par rapport à cette moyenne de 162 €/t.  Les estimations montrent qu’à ce niveau de prix, les revenus annuels des céréaliers spécialisés atteignent difficilement les 2000€/an après déduction des cotisations sociales. Mais si la baisse des cours perdure, ils pourraient rester négatifs entre 0 et -10.000 €/actif.

Pour apporter une réponse conjoncturelle, Philippe Pinta, Président de l’AGPB a officiellement demandé à Stéphane Travert, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation de réactiver les dispositifs d’accompagnement d’urgence mis en place en 2016 pour les situations les plus compliquées notamment en Lorraine, Centre Nord Bourgogne et Poitou Charentes.

Mais au-delà de cette situation à court terme, les écarts de performance s’accroissent et plus de la moitié d’entre eux ne dégagent plus de revenus depuis plusieurs campagnes. Il est temps que les pouvoirs publics prennent la juste mesure des problèmes rencontrés dans les zones intermédiaires. Une analyse des causes et des recommandations opérationnelles sont nécessaires pour la survie de ces zones céréalières. C’est la demande complémentaire que Philipe Pinta a formulé au ministre.

* carte élaborée à partir de l'analyse des résultats de l'enquête collecte 2017 réalisée aupres de 100 organismes stockeurs français. résultats arrétés au 28 aout 2017