DES ACCIDENTS CLIMATIQUES A REPETITION QUI APPELLENT UNE VERITABLE GESTION DES RISQUES

Une vague de froid s’est abattue en ce début avril sur l’Europe provoquant de nombreux dégâts sur notre agriculture française, en arboriculture, viticulture mais également en grandes cultures. Les estimations sont en cours mais d’ores et déjà les filières sont mobilisées pour trouver des solutions appropriées aux situations parfois dramatiques.

Aprés un net coup de chaud sur les derniers jours de mars, un écoulement d’air froid issu du Nord a envahi l’Europe. La conjonction d’un vent de Nord, d’éclaircies nocturnes et de nuits encore longues à cette époque de l’année ont provoqué des chutes de températures très marquées en courant de nuit atteignant leur minima vers le lever du jour (voir carte).

UN EPISODE DE GEL SIMILAIRE A 2017

Le gel que les agriculteurs viennent de connaitre peut avoir des conséquences majeures sur les productions mais tout dépend des stades auxquels sont les plantes. Particulièrement en céréales, la situation est sensiblement identique à celle de 2017, avec les régions du sud probablement plus impactées que les autres, car le gel est intervenu à des stades sensibles pour les céréales : la méiose, toute première étape de formation des futures grains.

Les instituts techniques sont en cours d’estimation des dégâts, parfois visibles après quelques jours. Une attention particulière se porte effectivement sur les blé durs, orges d’hiver et blé tendre. « Le risque est que l’épi en cours de formation dans la tige soit détruit par le gel.» selon Arvalis institut du végétal. Des différences marquées sont attendues en fonction des régions.

DES REACTIONS ATTENDUES A LA HAUTEUR DES ENJEUX

La mesure de cet évènement exceptionnel a été prise par le gouvernement. Dès le 12 avril alors qu’une deuxième vague de gel était annoncée, le ministre de l’Agriculture a réuni tous les représentants des filières pour faire le point sur la situation et demander des premières estimations. Pour les céréales à paille, le Président de l’AGPB, Eric Thirouin a répondu présent, expliquant que « pour mesurer les conséquences, une dizaine de jours étaient nécessaires dans la mesure où les céréales ont une certaine capacité de résistance avec de réelles capacités de reprise, comme cela a été observé en 2017 ».

« Il y a de réelles inquiétudes dans le sud de la France pour les blés durs et les orges d’hivers qui sont proches du stade méiose, mais aussi en Nord Loire pour le blé tendre et les orges d’hivers et de printemps. » a-t-il confirmé par écrit à Julien Denormandie.

Apres une récolte 2020 catastrophique pour bon nombre (-25%), certains céréaliers vont donc subir une fois de plus de graves pertes, accentuant la baisse dramatique de leurs revenus. L’AGPB l’a rappelé largement ces dernières semaines lors de la mobilisation syndicale sur la PAC et le PSN, les céréaliers se versent en moyenne à peine un demi-SMIC par an depuis 8 ans !

Eric Thirouin a incité le ministre à mettre en place des maintenant des mesures d’urgence, comme la prise charge de la TFNB, des charges sociales, la mobilisation du FAC, ou encore l’accès aux Prêts Garantis par l’Etat. Des mesures essentielles mais insuffisantes dans une vision à long terme.

UNE GESTION DES RISQUES QUI ASSURE LA RESILIENCE DES EXPLOITATIONS, UNE NECESSITE

Conscients de l’évolution du climat, du métier, l’AGPB et son conseil d’administration œuvrent pour la mise en place d’une gestion des risques adaptée à la situation : des paiements découplés accessibles à tous, des dispositifs d’investissements pour assurer la transition agroécologique, une épargne de précaution quand c’est possible, une meilleure gestion de l’eau, mais également une gestion des risques efficace pour faire face à tous les aléas.

C’est pourquoi une fois de plus, Eric Thirouin appelle à « la mise en place rapide du règlement OMNIBUS avec une franchise abaissée à 20% et un niveau de subvention porté à 70% pour la MRC. »

Rendez-vous est pris dès le 19 avril avec le Ministre pour réajuster les estimations d’impact du gel sur les cultures.