Plan Pollinisateurs une surtransposition de plus

Le plan national en faveur des insectes pollinisateurs et de la pollinisation a été rendu public par le ministère de la transition écologique (MTE) et le ministère de l’agriculture et de l’alimentation (MAA) (lien vers le plan) dont l’arrêté spécifique sur la protection des pollinisateurs lors de l’usage des produits phytopharmaceutiques.

Si le plan national a été salué par la profession agricole dans sa structuration notamment sur le renforcement des ressources alimentaires, la promotion des pratiques agricoles favorables aux pollinisateurs et l’amélioration des connaissances scientifiques sur la santé des pollinisateurs, la voie réglementaire a, quant à elle, fait l’objet d’une forte contestation.

Ce nouvel arrêté encadre maintenant l’évaluation de l’ensemble des familles de produits, et non plus seulement les acaricides et insecticides. Il s’agit de déterminer les conditions d’application des produits sur des cultures en floraison attractives pour les pollinisateurs. Or, pour ces cultures, ce sont de nouvelles contraintes qui s’ajoutent. Premièrement, les tests impliquent des délais importants pour la délivrance d’AMM faisant craindre l’abandon par certaines firmes de solutions sur les cultures mineurs qui seront alors dans des impasses techniques. Une fois obtenue, l’AMM autorisera l’application du produit uniquement 2 heures avant le coucher du soleil et 3 heures après. Autrement dit, l’épandage du produit devra être réalisé une partie de la nuit ! Quid de mesures spécifiques pour le travail de nuit des salariés agricoles et des agriculteurs et pour quels coûts supplémentaires ? Cette approche est unique en Europe et la France a encore fait le choix de la surtransposition, créant des distorsions de concurrence qui pèsent sur la compétitivité des exploitations agricoles. Paradoxalement, ces nouvelles contraintes risques de réduire les ressources alimentaires pour les pollinisateurs via l’abandon de cultures non attractives qui se retrouveront dans des impasses techniques.

La mise en œuvre du nouveau plan national sera engagée dès le début 2022 via un comité de suivi qui pilotera chacun de ses axes. Il est indispensable de faire valoir les synergies qui existent déjà sur le territoire qui concilient protections des pollinisateurs et productions agricoles.

Documents accessibles :

 

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