UNE AGRICULTURE AU CŒUR DES ENJEUX GEOPOLITIQUES

La crise sanitaire 2020 a mis en évidence l’attachement des Français à défendre une alimentation et une agriculture plus ancrées dans les territoires. Mais chaque exploitation agricole est aussi connectée au monde et nous ne consommons pas tout ce que nous produisons. Sébastien Abis, Arnaud Montebourg et Guillaume Lefort en ont débattu lors de l’assemblée générale d’#AGRIDEMAIN

#AGRIDEMAIN, créée en 2016, par plusieurs partenaires du monde agricole réunit aujourd’hui une communauté de 270 ambassadeurs agricultrices et agriculteurs. L’association, dont l’AGPB fait partie intégrante, a pour objectif de communiquer auprès du grand public pour démystifier les clichés, promouvoir une agriculture nourricière, innovante, réaffirmer les atouts stratégiques du secteur et rassembler ceux qui partagent une vision commune de l’agriculture vertueuse, performante au cœur de l’Europe. Lors de son AG, #Agridemain a convié Sébastien Abis et Arnaud Montebourg, à débattre avec Guillaume Lefort [i] sur les conséquences de la crise sanitaire liée au COVID. La souveraineté alimentaire et les changements sociétaux en termes d’alimentation ont nourri le cœur du débat.

Une agriculture française performante qui a fait face avec responsabilité à la crise

La crise sanitaire que nous avons vécue n’a fait qu’accélérer les tendances déjà à l’œuvre. « Les français ont, pour partie tout au moins, retrouver un lien direct avec ceux qui les nourrissent et c’est une bonne chose » selon Arnaud Montebourg. Consommation locale, bio, sans viande, sans gluten, viande végétale ces modes de consommation progressent massivement sans pour autant devenir une généralité. « Entre ceux qui veulent manger plus, mieux, voire moins. Pour certains, consommer c’est tout simplement exister ! qu’est ce qui nous donne le droit de les diaboliser ? » rappelle Sebastien Abis.

L’agriculture française doit et peut y répondre, elle est suffisamment performante pour le faire. Le monde agricole n’est pas fait d’uniformité comme la consommation et il n’échappe aux règles universelles de la diversité : « N’enfermons pas l’agriculture dans un ou des modèles » selon lui.

Une agriculture en transition permanente

Le discours ambiant peut-il changer pour qu’on reconnaisse que le secteur agricole, comme un secteur d’avenir, un secteur innovant, performant et un secteur qui emploie ? « Nous avons des atouts considérables, des difficultés aussi et il faut le faire savoir » selon Sébastien Abis. Arnaud Montebourg appuie « La question de leur rémunération de nos agriculteurs est revenue sur le devant de la scène. » Ce métier est formidable, il permet de nourrir les gens et à la fois d’agir sur le climat. « Les agriculteurs méritent d’être rémunérés pour le service rendu à la société en termes de stockage de carbone. Faisons de la compensation carbone Made in France. » renchérit-il. Tout change sauf la nécessité de manger. La transition agroécologique est dans un choc de temporalité, entre le monde politique et médiatique qui raisonne sur du court terme et le monde agricole qui est en capacité de changer sur le temps long.

La souveraineté alimentaire, ce n’est pas l’autarcie

« La souveraineté ce n’est pas l’enfermement », mais c’est la capacité de l’Etat à organiser ses secteurs d’activité définis comme stratégiques. « Il faut cultiver nos performances et réduire notre dépendance, pour avoir le maximum d’indépendance, car 100%, c’est bien sûr utopique. Qui se passerait du café ou du chocolat ? » pour Sébastien Abis. Les français oublient bien souvent qu’ils vivent dans un monde ouvert et, de surcroit, dans un pays qui est probablement le plus ouvert au monde. Avec ce raisonnement, « on se fait tailler de croupières, résultat, nous sommes sous-développés dans de nombreux secteurs. » ajoute Arnaud Montebourg.

La France doit assumer qu’elle est une grande puissance agricole L’équipe de France agroalimentaire doit s’exprimer.

Retrouvez la conférence en replay qui s’est tenue le 23 septembre à Paris Replay sur https://YouTube/EyIFYMr1Xy0



[i] Sébastien Abis, directeur du club Demeter et chercheur à l’IRIS – Institut de relations internationales et stratégiques, co-auteur de l’ouvrage Géopolitique de l’agriculture Arnaud Montebourg, entrepreneur, fondateur de la marque Bleu Blanc Ruche et des glaces La Mémère. Ancien ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique. Guillaume Lefort, agriculteur en Seine-et-Marne et président de l’association #agridemain

 

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