Une mobilisation, un discours mais toujours pas de réponse

La seconde journée de mobilisation du 22 octobre, initiée par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, a été un nouveau succès. Malgré une légère baisse du nombre de participants, des actions ont été menées dans plus de 85 % des départements. Les opérations de communication et les rassemblements devant les préfectures ont eu un écho médiatique et politique important. Emmanuel Macron a enfin réagi depuis Mayotte, et pas moins de 6 questions sur l’agriculture ont été posées par les députés lors de la séance de questions au gouvernement.

Le monde agricole n’en peut plus : rémunération en berne, agribashing, importation de denrées alimentaires produites avec des normes sanitaires et environnementales plus faibles qu’en France, attaques permanentes sur l’élevage ou encore instauration de normes insensées sur les produits phytosanitaires… La déconsidération mène à l’exaspération, et celle-ci s’est ressentie dans plus de 85% des départements lors de la seconde journée de mobilisation le mardi 22 octobre.

Les agriculteurs se sont rassemblés devant les préfectures de leurs départements et ont communiqué leurs messages sur des bâches dressées devant les bâtiments officiels, distribution de tracts à l’appui. 200 tracteurs à Lyon, distribution de pommes et barrages filtrants à Bourges, rencontres avec les préfets… Les actions se sont voulues moins offensives et moins bloquantes que la première journée, et plus axées sur la pédagogie et l’échange.  Ce qui a semble-t-il été suivi d’effet du côté de nos dirigeants politiques, du moins dans leurs discours.

Emmanuel Macron a en effet réagi au slogan de la journée, #Macronrépondsnous, depuis Mayotte ou il était en déplacement : « Notre pays s'est emparé d'une drôle de mode, en tous cas d'un drôle d'état d'esprit qui a consisté à pointer du doigt, voire à stigmatiser nos agriculteurs en disant qu'ils étaient les ennemis du bien-être animal, les ennemis de la bonne alimentation », alors même que « nous avons l'une des agricultures les plus exigeantes ». Si la prise de conscience est enfin là, le discours sera-t-il suivi d’effet ?

Un premier pas a été franchi par le ministre de l’agriculture, qui a d’ores et déjà résisté à la pression des associations telles que Génération Futures, en annonçant que les ZNT (Zones de Non Traitement) ne dépasseraient pas 10 mètres. Insuffisant, bien sûr, mais un premier pas tout de même.

L’écho politique de cette journée s’est ressenti jusque dans l’hémicycle de l’assemblée nationale, puisque lors de la séance de questions au gouvernement du 22 octobre, pas moins de 6 d’entre elles étaient ciblées sur le malaise du monde paysan. La plupart des députés ont souligné le mal-être des agriculteurs face à l’agribashing, et demandé quelles étaient les solutions du gouvernement pour palier à leurs difficultés économiques.  Le ministre de l’agriculture a notamment insisté sur l’envoi d’une lettre aux procureurs, demandant à ce que les intrusions sur les fermes et les agressions d’agriculteurs soient fermement réprimées. Le discours a cependant été plus imprécis sur les difficultés économiques rencontrées par les exploitations.

Répondant à une question de Julien Dive (LR) sur l’accompagnement de la sortie du glyphosate, le ministre de l’agriculture a pointé la présence, dans le dernier Projet de Loi de Finances (PLF) de 78 millions d’euros dédiés à cette problématique, notamment dirigés vers la modernisation des pulvérisateurs. Les députés ont d’autre part, dans leur majorité, salué le revirement du gouvernement sur le budget alloué aux chambres d’agricultures, qui devait baisser de 45 millions d’euros.

Le monde agricole a encore une fois prouvé qu’il savait se faire entendre ! Il continuera de mettre la pression pour obtenir gain de cause sur ces différents sujets essentiels.