Des solutions et non des interdictions

Depuis 5 ans, les céréaliers français traversent une crise économique majeure. Ils sont, de surcroit, impactés par une avalanche de distorsions de concurrence due aux orientations du gouvernement et une forte tourmente médiatique. D’ici la fin du mois, les enjeux sont capitaux face aux conclusions des Etats généraux de l’Alimentation par le Premier Ministre et les premières annonces de la Commission Européenne sur la PAC après 2020. Eric Thirouin, Secrétaire général de l’AGPB revient sur ces éléments stratégiques et emblématiques pour l’avenir des céréaliers.

Les Etats généraux de l’Alimentation (EGA) touchent à leur fin, quels enseignements en tirez-vous ?

La sortie des #EGA, le 21 décembre prochain, par le Premier Ministre fait peser de nombreuses menaces sur notre secteur céréalier, face aux attentes des ONG environnementales qui souhaitent remettre en cause en profondeur nos moyens de production, et nos faibles opportunités de création de valeur face à un marché complètement ouvert et sujet aux rebondissements politiques, économiques et climatiques mondiaux.

Les céréaliers ont largement participé aux débats et fait de nombreuses propositions avec l’ensemble de la filière céréalière réunie au sein de l’interprofession Intercéréales pour retrouver de la compétitivité et répondre aux attentes des consommateurs nationaux et internationaux.

De son côté, le gouvernement, depuis 6 mois agit dans le sens inverse. En juillet, la France a décidé d’opérer un transfert supplémentaire de 4,2% du 1er pilier vers le 2nd de la PAC ; en octobre, de supprimer la réduction de 7 points de la MSA obtenu l’année dernière, de revenir sur la mise en place dans la loi de finance de l’épargne de précaution, pourtant promesse électorale d’Emmanuel Macron. En novembre, La France décide de supprimer le glyphosate en France sous 3 ans alors que l’Europe, démocratiquement, l’a ré-homologué pour 5 ans. Et maintenant, ce sont les services du ministère de l’Agriculture qui souhaitent sur-transposer les obligations en termes d’implantation des SIE en France pour simplement simplifier l’organisation de leur contrôle !!

Il est plus que temps de se mobiliser et de faire entendre notre voix. Malgré tous nos efforts lors des dizaines de réunions auxquelles nous avons participé, le gouvernement reste sourd à notre situation économique et continue de sur-transposer tout ce qui lui est possible, contrairement aux engagements de campagne du Président de la République.

Sur les phytosanitaires en particulier, l’avenir n’est pas aux interdictions en tous genres avec des impasses rédhibitoires à la clef. Seul l’investissement dans la recherche et l’innovation génétique, numérique ou robotique, dans le biocontrôle, et de nouvelles pratiques agricoles permettront de répondre aux défis de l’agriculture de demain.

Notre avenir passera par des solutions et non des interdictions. C’est toute la valeur de l’engagement de l’AGPB dans le Contrat de solutions que nous avons cosigné en novembre avec 30 autres organisations agricoles.

Phil Hogan, Commissaire européen à l’Agriculture a présenté la 1ère proposition de la Commission Européenne sur la PAC, post 2020, comment réagissez-vous ?

La Commission propose moins d’Europe et toujours plus de subsidiarité. Comment y être favorable ? Européens convaincus, nous ne pouvons accepter une telle renationalisation et un détricotage de la PAC. Nous ne pouvons pas plus accepter de nouvelles distorsions de concurrence et des disparités supplémentaires entre les producteurs français en fonction des choix nationaux et régionaux. Dans le cadre de la réflexion post 2020, nous avons fait des propositions pour un 1er pilier fort, défendu par la France face au Brexit, et moins de subsidiarité. Nous voulons empêcher toutes distorsions de concurrence entre Etats membres, n’est-ce pas cela l’Europe ??

L’incompréhension sur le terrain est forte, que souhaitez-vous passer comme message ?

Depuis 6 mois, les signaux positifs envoyés par le gouvernement et les marques de confiance sont inexistants. Nous ne pouvons plus accepter d’être considérés de la sorte, c’est pourquoi, nous appelons les céréaliers français à se joindre aux actions syndicales sur tout le territoire national, et montrer que nous sommes mobilisés contre les distorsions, la renationalisation de la PAC, les interdictions et le dogmatisme. « Consommateurs, agriculteurs, tous trompés ! ».

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