LES DANGERS ET LES RISQUES DU GLYPHOSATE FONT DEBAT

Roger Genet, Directeur Général de l’ANSES, Agence française de sécurité sanitaire, était interrogé le week-end dernier par Patrick Cohen sur Europe 1. L’occasion pour lui de repréciser la position de l’agence sur le glyphosate. Dans les conditions d’utilisation imposées en France, l’herbicide ne présente pas de risques sanitaires a-t-il déclaré.

« Lorsque l’on évalue un produit, on s’intéresse d’abord à sa dangerosité intrinsèque. Le danger d’un produit ainsi défini est alors rapporté à ses conditions d’utilisation », a-t-il expliqué au micro d’Europe1. Il est indispensable de distinguer la dangerosité d’un produit des risques encourus par son utilisation. Ainsi, comme tous produits chimiques, les produits à base de glyphosate sont bien source de danger. Pour autant, les conditions d’utilisation de ces produits imposées en France n’exposent cependant aucunement les français à des risques sanitaires.

« La cinquantaine de produits à base de glyphosate homologués en France sont aujourd’hui réservés à des usages strictement professionnels. Ces professionnels savent utiliser ces produits, avec les protections adaptées, et respectent les précautions d’usage des autorisations de mise sur le marché », a continué Roger Genet. Il a cependant précisé qu’une part d’incertitudes suite aux derniers avis du CIRC notamment, existait sur le niveau de danger de la molécule. L’ANSES a ainsi saisi son comité d’experts il y a plusieurs mois, et publiera un rapport dénombrant les données scientifiques devant être produites pour diminuer au maximum ces incertitudes. Le glyphosate pourrait alors être réévalué au niveau européen en 2022. Ce qui ne préjuge en rien de ce que fera la France.

Les résidus de glyphosate relevés dans les urines des consommateurs indiquent clairement, selon Roger Genet, que nous sommes exposés à cette substance chimique par notre alimentation. Les quantités restent toutefois 1.000 fois inférieures au seuil sanitaire… Si cela ne « légitime pas », selon lui, le fait que l’on soit exposé à cette molécule, le risque sanitaire n’en reste pas moins maitrisé.

Dans un environnement médiatique où les ONG ont imposé la notion de danger pour exiger l’application du principe de précaution, il est de plus en plus difficile de se faire entendre sur la gestion des risques qui est la base de toutes les réglementations sanitaires. Tout est potentiellement dangereux, et c’est pourquoi dans la plupart des pays il existe des agences « sanitaires » pour évaluer les risques et formuler des recommandations pour en assurer la maitrise. Le glyphosate est le produit phytosanitaire le plus utilisé en France (9.000 tonnes sur 70.000 de phytos au total), et est devenu l’emblème de l’agriculture conventionnelle, productiviste, et la cible de nombreuses organisations de protection de l’environnement. C’est pour cette raison que cette molécule est, aujourd’hui, si présente dans le débat public.

Tout dernièrement, l’ANSES a retiré du marché le fongicide époxiconazole qui présente un effet perturbateur endocrinien. Il « présente un niveau de danger préoccupant pour l’Homme et l’environnement » a déclaré Roger Genet. Malgré l’importance de ce produit dans nos systèmes de cultures, nous devons conserver notre cohérence. Nous soutenons les agences scientifiques comme l’ANSES car nous croyons avant tout en la science. Le sérieux scientifique de l’agence n’est plus à prouver. Ces agences sont le seul rempart de raison contre la démagogie, ou l’obscurantisme. Si les risques encourus par l’utilisation d’un produit s’avèrent trop importants par rapports aux bénéfices qu’il procure, il est naturel que celui-ci soit interdit. Mais a contrario, pour l’AGPB selon toutes logiques, en absence de risque, il est impensable d’orchestrer des interdictions non fondées.

Intervention de Roger Genet :

https://www.europe1.fr/societe/roger-genet-anses-il-ny-a-pas-de-risque-sanitaire-avec-les-produits-a-base-de-glyphosate-3899272

 

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