LES DISTORSIONS DE CONCURRENCE RECONNUES MAIS PAS SUPPRIMEES

Entre le 10 et 13 juin dernier, les agriculteurs des réseaux FNSEA, JA, AS ont mené dans tout le pays une série de blocage des dépôts de carburants et des actions ciblées. Une réponse envers le gouvernement, qui n’a de cesse, depuis qu’il est arrivé, d’alourdir les charges et les contraintes qui pèsent sur les producteurs au mépris complet de la situation économique de certaines filières. Une véritable incohérence pour accompagner le monde agricole vers l’excellence et la montée en gamme, comme c’est l’ambition des Etats généraux de l’alimentation.

Une vingtaine de sites pétroliers ont été bloqués, des campagnes de tractage auprès des citoyens, ou stickage en stations-services ont été organisés. Globalement, des actions qui ont été bien reçues par l’opinion publique et les médias, ce qui n’était pas gagné d’avance. Avec la thématique des importations distorsives, qui ne respectent pas les standards de production imposés aux producteurs français, l’impact médiatique a été pertinent.

Après plusieurs rencontres et des heures de négociations avec Stéphane Travert, les blocages ont été levés dans la nuit du 12 au 13 juin. Le gouvernement s’est prononcé dans un courrier à l’attention de Christiane Lambert en appuyant certaines de nos revendications :

  • Sur les importations « distorsives », comme celles de l’huile de palme, le Ministre s’est engagé à appuyer un encadrement au niveau européen. Il a par ailleurs réaffirmé son soutien aux filières de biocarburants, avec l’autorisation du B10 (gazole avec 10% de biodiesel) et du B100.
  • Il s’est engagé avec le gouvernement à reprendre les travaux du CORENA, qui a pour mission d’analyser tout risque de surtranspositions franco-françaises ou des normes européennes. Allez plus loin que le règlement commun en somme, ou éviter les risques d’incohérences de mise en œuvre de règlementations.
  • Les outils tels que la mise en œuvre de l’épargne de précaution vont être étudiés techniquement dans les prochaines semaines.
  • Quant au Grand plan d’Investissement de 5 milliards d’€ promis par le Président de la République, et qui visiblement au vu des dernières semaines se réduisait à peau de chagrin pour le maillon production, les montants et modalités d’enveloppes ont été précisés (2.8 milliards d’€ pour la transformation de l’amont agricole et forestier, 1.7 md€ pour l’amélioration de l’aval et 0.5 md’€ pour accompagner les investissements des plans de filières.)
  • La prise en compte du Contrat de solutions, aucune interdiction sans l’existence de solutions.

Pour autant, on ne peut en rester là, le combat n’est pas fini ! les avancées ne sont pas flagrantes mais la mobilisation, rappelons-le, a permis de peser sur les discussions avec le gouvernement, et d’engager un dialogue, ce qui est loin d’être le cas avec d’autres secteurs revendicatifs du moment, qui maintiennent une grève perlée et persistante avec un impact plutôt négatif sur l’opinion publique.

Au-delà de cette négociation, la mobilisation a permis de faire prendre conscience aux français, tout le paradoxe de la situation agricole aujourd’hui. Comment produire des produits sains qui correspondent aux exigences des consommateurs, à bas coût, avec moins de solutions et dans le même temps voir déferler des produits alimentaires importés qui ne respectent pas les mêmes règles.