Après les intempéries de l’été, les céréaliers appellent à des actions immédiates qui préparent aussi l’avenir

L'AGPB et ses partenaires de la filière céréalière ont présenté le 10 septembre au ministre de l'Agriculture une série de propositions eu égard aux difficultés liées à la récolte.

Des conditions météorologiques exceptionnelles ont marqué la récolte française de céréales à paille. Conséquence : la filière doit faire face aujourd'hui à des exigences inhabituelles de commercialisation et les producteurs, à des difficultés de trésorerie et de revenu. L'enjeu est d'agir face à cette situation conjoncturelle tout en préparant l'avenir.

Dans ce contexte, l'AGPB a pris l'initiative d'une rencontre avec le Ministre, aussitôt la formation du nouveau Gouvernement, et a conduit une délégation des producteurs et des organismes stockeurs * reçue le 10 septembre.

L'AGPB a appelé à cette occasion les Pouvoirs publics à accompagner la filière dans ses initiatives.

S'agissant des producteurs, ceux-ci comptent des pertes de chiffre d'affaires pouvant atteindre 500 €/ha et plus quand le rendement est défaillant, et ils abordent la période des semis de céréales d'automne avec une trésorerie exsangue. Quant au revenu moyen, il devrait cette année se situer au plus bas, au-dessous du minimum de 2009 qui était de 9800 € (voir plus bas ANNEXE 2, graphique 4). * Faisaient partie de la délégation des représentants de l'AGPB, de l'AGPM, de la FOP, de Coop de France, de la FNA. Etaient également présents le Président de la FNSEA et le Président du Conseil spécialisé Céréales de FranceAgriMer.

La rencontre du 10 septembre avec le ministre de l'Agriculture a déjà permis de retenir un ensemble de conclusions répondant aux propositions formulées par l'AGPB et les organismes stockeurs :

Un pilotage de la campagne en temps réel :

- la création auprès de FranceAgriMer d'un Comité de suivi de campagne ;
- la mise en place par FranceAgriMer d'un observatoire spécifique.

Une consolidation de la trésorerie et la prise en compte des zones les plus fragiles :

- le versement anticipé des aides PAC au 16 octobre pour tous les producteurs ;
- la finalisation sur des bases aménagées de la mesure agro-environnementale Zones intermédiaires (MAEC-ZI).

La mise en place d'outils qui atténuent la volatilité et lissent les revenus :

- l'aménagement du dispositif de Déduction pour Aléas (DPA) permettant le lissage des revenus céréaliers d'une campagne à l'autre, dans le cadre du projet de loi de finances 2015 ;
- le développement volontaire de l'assurance climatique en céréales face aux aléas climatiques.

Une optimisation des outils logistiques :

- la relance d'une nouvelle tranche du plan silos avec la possibilité d'installer de nouvelles capacités en zone agricole ;
- la mobilisation et l'optimisation des flux logistiques notamment pour les transports céréaliers de masse ferroviaires et fluviaux.

Initier de nouveaux types de coopération céréaliers-éleveurs :

- une optimisation de l'utilisation du blé de qualité fourragère,
- des investissements en élevage associant céréaliers et éleveurs : agrandissement, nouveaux élevages, méthanisation.

Le Ministre a indiqué qu'il soutenait activement ces initiatives et que ses services ainsi que ceux de FranceAgrimer étaient mobilisés pour apporter des réponses opérationnelles rapides aux questions posées dont certaines recueillaient d'ores et déjà son accord.

Ces propositions constituent un ensemble de mesures immédiates répondant à une situation conjoncturelle d'urgence. Elles anticipent sur le plan à moyen terme intitulé "Ambition Céréales 2030 : 12 défis pour produire plus, produire Mieux" publié par l'AGPB le 16 juin dernier, pour lequel l'AGPB présentera au Ministre un premier programme d'action dans les prochaines semaines.

Approche de l'évolution du revenu en 2014 en spécialisation céréales et oléoprotéagineux (OTEX 15)

Le contexte climatique dans lequel s'est effectuée la récolte de blé cette année en France aura un impact prononcé sur la rémunération des producteurs et sur le revenu des producteurs spécialisés

Au-delà du recul des cours internationaux depuis un an, les exploitants vont subir :
- des décotes pour moindre qualité
- une répercussion des coûts supplémentaires de manipulation et d'analyse auxquels doivent faire face les organismes de collecte.

Une première approche du revenu moyen 2014, des exploitants spécialisés en céréales et oléoprotéagineux selon la méthode des comptes de l'agriculture aboutit à un chiffre d'environ 6000 € de revenu courant avant impôt et cotisations sociales de l'agriculteur. C'est donc bien moins que les 9800 € de 2009, chiffre le plus bas connu dans le passé.

Les bases retenues dans cette approche sont :

- un prix du blé au producteur de 140 €/t, chiffre qui tient compte de la décote et de la proportion moyenne de blés de moindres qualités

- un niveau de charge en baisse de 40€/ha

- un montant de paiements directs qui diminue de 30€/ha

A exploitation similaire, le chiffre devrait évidemment être inférieur pour un exploitant plus lourdement touché par la dégradation du temps de chute de Hagberg (TCH) et supérieur pour un agriculteur peu concerné.

Source: AGPB d’après enquêtes France AgriMer auprès des collecteurs

* 175 € /t payé net au producteur (plus de 80% de blé panifiable au-dessus de 180 €/t
**140 €/t sur la base de 60 à 65% de blé panifiable à 155 €/t et du solde en blé fourrager payé autour de 120€/t