Pour son 90ème anniversaire, l'AGPB se projette dans l'avenir

Le 16 juin 2014, l'AGPB diffusera un ouvrage de réflexion prospectif, "Ambition Céréales 2030", et elle organisera un colloque, "Génération Blé" axé sur le caractère de plus en plus stratégique de la production française de blé et sur les enjeux de l'innovation en la matière.

L'AGPB a eu 90 ans en mai dernier et cet anniversaire sera célébré le 16 juin 2014.

Elle a souhaité faire de cet événement un moment d'éclairage du secteur céréalier sur son avenir. C'est pourquoi ce jour-là elle diffusera l'ouvrage « Ambition Céréales 2030 », fruit d'un travail collectif conduit en interne, et elle organisera le colloque « Génération Blé ».

Plusieurs éléments ont incité à conduire ces travaux :

- le fait que les instances de l'AGPB se renouvellent significativement depuis quelque temps et que ses dirigeants de demain ont besoin d'une ligne stratégique qui soit redéfinie et partagée ;

- la nécessité, par ailleurs, de ramener les milieux de la décision publique à une perception plus réaliste et plus intéressée des activités céréalières ;

- le besoin, enfin, de redonner de la visibilité, de l'espoir et de l'envie à nos producteurs, lesquels vivent mal les décisions pénalisantes et annonces menaçantes qui les ciblent particulièrement depuis quelque temps (choix nationaux pour la nouvelle PAC, réduction amplifiée des subventions à l'assurance climatique, restrictions mises à l'utilisation des produits phytosanitaires etc.).

 

I - Ambition Céréales 2030 : des céréaliers se projettent à 15 ans d'ici

« Ambition Céréales 2030 » a été élaboré par des représentants d'une nouvelle génération d'administrateurs de l'AGPB et de membres de son Bureau.

Il leur a semblé qu'en ces temps d'accélération du changement, 2030 était encore une échéance à laquelle l'on pouvait raisonnablement se projeter, que les repères dont ils disposaient le leur permettaient.

■ Dans un premier temps, l'ouvrage est consacré à un état des lieux de la capacité céréalière de la France et des débouchés actuels et potentiels de ses récoltes. Il s'agit de paramètres assez largement connus de ceux qui suivent le secteur, ce sont les sous-jacents du Produire plus.

■ L'ouvrage met ensuite l'accent sur une réalité qui reste très, trop ignorée. Il est question de tout ce qui permet déjà depuis quelque temps aux producteurs français de grandes cultures de Produire plus, Produire mieux et leur permettra dans les années à venir de devenir des champions de la « bioperformance ».

Le bioperformance, c'est un savant équilibre entre performances économiques, écologiques et productivité de la terre. La méconnaissance du métier de céréalier laisse croire bien souvent que cette combinaison est impossible. Or, il n'y a pas par nature antagonisme entre productivité et bonne gestion des équilibres biologiques, de la gestion des bactéries à celle des insectes, des oiseaux, des plantes, de l'eau.

Cela ne veut pas dire qu'il est simple d'allier les deux, mais l'on y parvient et l'on y parviendra de mieux en mieux grâce au progrès, grâce aux innovations que favorise le développement rapide de la connaissance de ce qui se passe dans les sols et dans les plantes.

Avec les progrès de la génétique, de l'agronomie, du savoir sur la physiologie des plantes, l'on est capable de pénétrer au cœur de l'infiniment petit, dans les sols, dans les plantes, et de cerner les interactions entre eux. Mêmes progrès à l'échelle du très grand, c'est-à-dire dans la prévision météorologique, la maîtrise de la diversité intraparcellaire, la compréhension des dynamiques des bassins versants.

Il y d'autant moins lieu de renoncer à produire que tout ceci est mis en œuvre de plus en plus vite par les agriculteurs.

L'informatisation des exploitations, l'accès aux nouvelles technologies de l'information et de la communication, ainsi que l'utilisation des outils les plus modernes d'observation, d'aide à la décision et de gestion des interventions apportent une contribution majeure à la transcription des progrès des sciences dans les champs. L'ambition de l'AGPB est que ce mouvement s'amplifie rapidement et qu'ainsi la responsabilisation l'emporte sur les politiques de défiance quant à l'utilisation des facteurs de production.

■ Aborder ce domaine, c'est entrer dans l'ultime partie d' « Ambitions Céréales 2030 », consacrée à l'exploitation céréalière de demain.

«Ambition Céréales 2030» pose l'hypothèse que l'exploitation céréalière de demain devra faire face à une extrême variabilité des prix, du simple au double ou inversement d'une année à l'autre.

Dès lors, il est souhaité que la PAC évolue vers un système hiérarchisé d'assurances (auto-assurance, assurance climatique, « assurance revenu » ou paiements contracycliques), dans l'esprit de la politique agricole américaine. L'amplification des aléas conduira par ailleurs les exploitants à emprunter différentes voies pour tirer parti de manière optimale de leurs potentialités dans les années futures. A l'analyse des témoignages, il ne ressort pas de schéma dominant, tel que le tout agrandissement.

Les maîtres mots seront la flexibilité et l'adaptation. Au-delà de l'appel aux instruments modernes d'observation des cultures et de gestion des intrants, qui se diffusent très largement, ces notions de flexibilité et d'adaptation renvoient en particulier très fréquemment à la diversification des productions et activités, au développement de synergies, à l'allongement des rotations :

- la diversification, pour mieux résister aux turbulences causées par les conditions climatiques et par l'imprévisibilité des marchés. Il est intéressant de constater que la diversification dans des productions végétales hors grandes cultures et en élevage est volontiers souhaitée, sans ignorer dans le second cas les résistances manifestées par les populations proches et les obstacles réglementaires et bureaucratiques à franchir.

- le développement de synergies, c'est le choix de la voie sociétaire (exploitation en commun, mise en commun de moyens de production), c'est le développement d'interactions entre animal et végétal, comme celles qui peuvent s'exprimer dans le cadre de projets de méthanisation ( d'un côté, appel à des résidus de récolte et aux produits issus de cultures, intermédiaires à des fins de valorisation énergétique ; de l'autre, utilisation des digestats pour la fertilisation) ; c'est encore l'inscription de l'exploitation dans des schémas d'organisation économique et interprofessionnels performants.

- l'allongement des rotations, comme facteur de rupture des cycles de maladies, d'économie d'intrants, de répartition des risques ;

Mentionner ces voies d'évolution des exploitations céréalières, c'est évoquer la nécessité de politiques d'accompagnement. Par exemple, en matière d'implantation d'élevages pour viande blanche et de nouvelles industries utilisatrices de céréales, par exemple en ce qui concerne le développement de l'assolement en commun.

De plus en plus cruciale, la question de la résistance financière de l'exploitation céréalière à l'ampleur croissante des aléas (variabilité des prix, succession d'années difficiles) appelle quant à elle à des réponses telles qu'un redimensionnement du dispositif fiscal de déduction pour aléas (DPA), par exemple.

Plus à la base, la redynamisation de la réorganisation foncière est ressentie comme un moyen important de favoriser l'adaptation économique des exploitations et, en même temps, l'harmonie entre agriculture et environnement d'une part, la cohabitation entre activités agricoles et autres activités humaines d'autre part.

A ces considérations sur l'exploitation céréalière de demain s'en ajoutent enfin deux autres qui concernent plus spécifiquement ceux qui les dirigeront. La première est que l'appareil de formation continue devra suivre les besoins de plus en plus rapides d'actualisation des connaissances et des techniques générés par l'accélération du changement. La seconde est que la communication des céréaliers avec la société devra être en premier lieu l'affaire de chacun d'eux, qu'il fera immanquablement partie de leur métier dans le monde de demain de pratiquer une communication de proximité, d'expliquer dans les villages, dans les écoles, ce qu'ils font et quel est leur rôle.

 

II - Génération Blé, présentation du colloque

L'AGPB a souhaité organiser son 90ème anniversaire, le 16 juin 2014, dans un lieu emblématique, le CNIT. Le quartier d'affaires de la Défense est un symbole fort de la modernité et de la croissance française. Créé dans les années 60, il représente bien ce qu'est l'AGPB, une organisation ancienne qui a fait face à de nombreux défis mais qui reste orientée invariablement vers l'innovation et le futur pour « Produire plus, Produire mieux ».

PROGRAMME

Introduction par Pascal LAMY, ancien Directeur Général de l'OMC, Président d'honneur de Notre Europe - Institut Jacques DELORS, auteur de «La France s'éveillera»

TABLE RONDE N° 1

« LE BLE, UN ATOUT STRATEGIQUE POUR LA FRANCE »

Face aux défis démographiques, alimentaires, énergétiques les grandes cultures françaises peuvent contribuer aux équilibres mondiaux. C'est l'intérêt de la France et, en même temps, son devoir vis-à-vis de nombreux pays qui comptent sur elle. Les acteurs des différentes filières céréalières s'y préparent face à la concurrence.

* Pascal Boniface, Directeur de l'IRIS, Institut de relations internationales et stratégiques

* Alain le Floch, Directeur Général du Groupe VIVESCIA

* Jean-Philippe Everling, Directeur Granit-Négoce - AXEREAL

* Youssef Ben Osmane, Directeur Général GRADERCO et Président de la Fédération Marocaine des Négociants en Céréales et Légumineuses

TABLE RONDE N° 2

« L'INNOVATION AU CŒUR DE LA BIOPERFORMANCE »

Génétique végétale pratiques agronomiques, agriculture de précision, nouvelles technologies de l'information, machinisme... Pour autant qu'elle soit adaptée et encouragée, l'innovation permettra de répondre à la fois aux besoins d'accroissement de la production et aux exigences qualitatives et environnementales.

*Catherine Feuillet, Directrice générale de recherche sur les caractères agronomiques - BAYER USA

* Solène Peltier, Responsable Marketings produit JOHN DEERE

* Jacques Mathieu, Directeur Général ARVALIS - Institut du végétal

* Marc Giget, Président de l'European Institute for Creative Strategies and Innovation

 

Conclusion par Hubert VEDRINE, ancien Ministre des Affaires étrangères, auteur de "La France au défi"

Les débats seront animés par Stéphanie ANTOINE et étayés par des vidéos faisant intervenir notamment :

- le Commissaire européen à l'Agriculture, Dacian CIOLOS, sur la vocation de la céréaliculture européenne et française,

- des producteurs de céréales sur leurs visions de leurs exploitations de demain, sur leurs attentes et espoirs en matière d'innovation,

- des chercheurs britanniques sur leurs travaux relatifs aux blés à très hauts rendements,

 

- des représentants de la filière marocaine d'importation et de transformation des céréales sur les besoins de leur pays et sur leurs exigences propres.