INDUSTRIE DU BIOETHANOL FRANÇAIS une CROISSANCE DANS LA RELANCE

Le Syndicat National des Producteurs d’Alcool Agricole français a tenu son AG annuelle le jeudi 8 octobre. Le traditionnel rapport d’activité et statistique a permis de resituer la place du bioéthanol français et les enjeux auxquels il a été confronté sur les 18 derniers mois.

Environ 17 millions d’hectolitres de bioéthanol sont produits en France sur les dernières années, à peu près moitié/moitié entre les céréales (blé-maïs) et la betterave avec environ 3% d’alcool vinique. La France est leader européen avec 24 % de la production européenne. Du côté de la consommation, près de 60% du marché est destiné à la carburation, le reste étant de l’alcool dit traditionnel, pour des usages alimentaires, sanitaires ou industriels, pour 16% en France et pour 24% exporté.

La production Française et européenne est soumise à la pression de croissance des importations américaines, depuis la levée des droits antidumping mi 2019 et l’application du CETA. La crise du COVID, avec la chute brutale de la consommation de carburants a engendré des excédents massifs de stocks aux USA et au Brésil qui ont fait craindre un afflux massif de bioéthanol en provenance de ces pays à la levée du confinement. La filière bioéthanol s’est mobilisée pour que cela n’arrive pas, avec le soutien de la France.

La filière souhaite maintenir la dynamique de croissance dans laquelle elle se trouve même si la crise du COVID la ralentira quelque peu en 2020. Ainsi la consommation d’essence a augmenté de 20% depuis 2014, la part du E10 a dépassé 50% des essences en 2020, l’E85 devrait croitre de 15% en 2020 à 400 000 m3, et la marque des 2000 stations vendant du E85 a été dépassée en 2020.

Après ce tour d’horizon du point de vue français, Emmanuel Desplechin, Secrétaire Général d’Epure, l’association des producteurs européens de bioéthanol, a présenté les enjeux du Pacte Vert et du rôle du bioéthanol issu de betteraves et céréales européennes durables. Insistant sur les défis de la décarbonation des transports, il a rappelé la nécessité d’utiliser plus de bioéthanol G1 au lieu de promouvoir des solutions alternatives souvent en partie artificielle via la possibilité de compter plusieurs la même énergie « avancée » ou « électrique » dans l’atteinte des objectifs. La filière française et ses partenaires européens soutiennent un cadre commun avec la filière biodiesel pour défendre les intérêts des biocarburants des grandes cultures européennes à Bruxelle.

Jérôme Bignon, Président du SNPAA, a rappelé ensuite les enjeux et orientations pour le bioéthanol français, qui répond à trois enjeux dont la crise Covid a révélé avec acuité leur importance : la souveraineté alimentaire et agricole avec la production de protéines et la diversification des débouchés, l’indépendance énergétique, et l’indépendance sanitaire. Il a remercié l’engagement et la réactivité de la filière qui a su répondre à une demande en gels hydroalcoolique multipliée par 10 en quelque jours, révélant ainsi « l’importance de posséder un outil de production local, flexible entre alcool traditionnel et bioéthanol ». Il a également remercié le pragmatisme de l’Administration dans la gestion de la crise.

Tourné vers l’avenir, Jérôme Bignon souhaite que « cet esprit de coopération et de pragmatisme soit aussi mis en œuvre dans le vaste chantier de la transition énergétique qui s’ouvre devant nous » par l’Administration. En effet, au niveau européen, il est nécessaire de pouvoir développer l’utilisation du bioéthanol européen à faible impact sur le changement d’usage des sols, pour répondre aux nouveaux objectifs : « la France, leader européen de la production de biocarburants issus de plantes alimentaires, doit porter la demande de relever le taux d’incorporation au-delà de 7 %. »

En France, Jérôme Bignon a fait part de sa surprise d’y voir une hausse de la fiscalité du E10 pour l’alignée en 2 ans sur celle SP95-E5. C’est une mesure antiécologique et antisociale. Par ailleurs, la filière partage les interdictions sur le palme et bientôt sur le soja, qui ont un fort impact de déforestation. De même, il est important « de poursuivre la croissance des objectifs d’incorporation de bioéthanol dans l’essence » au-delà du plafond de 7% avec l’utilisation des bioéthanols de résidus sucriers et amidonniers, et s’est montré sensible au signal du gouvernement dans ce sens. Plus généralement, le SNPAA est attentif à promouvoir un cadre fiscal équitable pour le bioéthanol, par exemple en demandant une nouvelle fois l’exonération de la taxe sur les véhicules de société pour les voitures flexfuels.

L’AG s’est poursuivie ensuite par une table ronde sur « Cette France qui se relance avec l’alcool agricole »

Fabrice Devanlay, de Ford France, a rappelé l’engagement et les succès du Ford dans les flexfuels sur les 15 dernières années et notamment avec le Kuga en 2019. Des annonces devraient être faites dans quelques semaines sur une gamme de véhicules ford flex disponibles en 2021.

Valérie Corre, responsable des affaires publiques bioéthaol de Téréos, a partagé l’intérêt de développer le carburant ED95 utilisable pour des bus et camion. Une solution favorable au plan environnemental et économique.

Eric Téréfenko de Speedy a appelé à améliorer la communication grand public pour lever les freins à l’achat de boitiers E85, et le bénéfice « confiance » apporté par les actions de promotion et d’accompagnement financier menées par des régions comme le Grand Est.

Pascale Gaillot, VP de la Région Grand Est, a rappelé l’engagement de la Région sur ce sujet avec la Charte biocarburant, mais aussi des actions comme 1000 boitiers à 1€ épuisés en 10 jours en juillet 2019. Elle rappelle aussi le rôle de la proximité avec l’importance de la production de bioéthanol dans le Grands Est et une forte demande de boitiers dans les zones rurales.

Franck sander, Président de la CGB, qui a rappelé le rôle de diversification des risques du bioéthanol, mais aussi du besoin de faire mieux reconnaitre le rôle de captation du carbone, la vitalité économique rurale, et de voir plus largement la contribution de la bioéconomie.