Allocution des Grandes Cultures au 71e congres de la FNSEA BREST

A l'occasion du 71ème Congrès de la FNSEA organisé à Brest, les 28 et 29 mars, les filières de production végétale se sont exprimées d'une seule voix. Arnaud Rousseau, Président de la Fédération nationale des OléoProtéagineux a été mandaté pour porter les messages des grandes cultures.

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Président de la FOP depuis le 1er février dernier, j’interviens au nom de mes collègues de l’AGPB, de l’AGPM, de la CGB et du riz et les remercie de leur confiance.

Samedi nous fêtions le 60ème anniversaire du Traité de Rome. Aujourd’hui, nous tenons à réaffirmer notre engagement européen. L’Europe a permis le développement de notre agriculture et nous offre un marché de 500 millions de consommateurs. Certes de nombreuses imperfections subsistent. Aussi nous souhaitons saluer la réflexion lancée par Xavier dans le rapport d’orientation de la FNSEA. Les surenchères nationales nous font perdre de la compétitivité et crée des distorsions de concurrence. Nous perdons des parts de marchés. Nous débattrons de ce projet agricole européen dans les prochains jours mais nous tenons à réaffirmer nos attentes.

  1. Nous attendons une Europe ambitieuse, qui défend et met en avant ses intérêts.
  2. Nous attendons une Europe qui protège et nous accompagne face aux défis à venir : changement climatique, énergie, concurrence accrue attentes des  consommateurs, sécurité alimentaire, biodiversité.
  3. Une Europe qui met en valeur nos contributions aux défis essentiels que sont la croissance, l’emploi et l’aménagement des territoires.
  4. Pour tout cela nous avons besoin d’un cadre européen stable, le plus harmonisé possible.  Nous avons besoin d’une approche économique qui s’appuie sur la recherche et l’innovation. L’ Europe doit mettre à notre disposition les outils permettant de rester dans la course, d’exprimer notre compétitivité.

Enfin nous avons besoin d’une Europe qui se donne les moyens. Il nous faut un budget ambitieux.

Oui nous avons besoin de « mieux d’Europe ».

La situation du secteur « grandes cultures »

2016 a vu des conditions climatiques exceptionnelles. Les producteurs de grandes cultures sont en difficulté comme jamais auparavant. De fait, 2016 a révélé les limites des politiques actuelles. La survie de nombreuses exploitations est en jeu, en particulier celles qui cumulent plusieurs exercices déficitaires, notamment en zone intermédiaire. Nos organisations de filières ont joué leur rôle mais la solidarité européenne que nous attendions ne s’est pas exprimée. Aussi, dans le cadre d’une approche économique de notre activité, nous avons besoin de renforcer la résilience de nos exploitations face à la volatilité. Cela passe par une palette d’outils :

1/ Une protection européenne adaptée :

  • droits de douanes,
  • équilibre des accords commerciaux (ex : riz déstabilisé par tout sauf les armes),
  • filets de sécurité (intervention publique lorsqu’elle existe encore)

2/ Evolution de nos pratiques d’exploitations

3/ Le recours à des outils de lissage (l’épargne de précaution, la fiscalité …).

4/ Une PAC renforcée avec un premier pilier fort. Le DPB reste un élément essentiel. Il faut cesser les transferts, c’est la contrepartie de l’équilibre interne à la réforme de 2013 et l’acceptation d’une politique qui oriente notamment avec les choix de l’ICHN et du recouplage que nous validons. Un deuxième pilier qui oriente avec notamment une politique de zonage qui ouvre la porte au plus grand nombre et notamment aux zones à faibles potentielles, sans exclure ;

5/ Le recours à des régimes d’assurances (climatiques…) devra être amplifié, et les fonds de mutualisation et les flexibilités devront être étudiés. Les seuils de 30% de pertes et la franchise sont trop élevés et doivent être abaissés à 20% dès les prochains semis. De même le niveau de 65% de la contribution publique doit être garanti de manière permanente.

Les moyens de production

La compétitivité est primordiale pour la durabilité de notre activité. Elle passe par une réduction des charges, par des capacités d’innovation, d’investissement. L’approche environnementale ne dispense pas de disposer de moyens de sélection (NBT), de semences ou de protection des plantes adaptés. Nous rappelons qu’ « environnement » ne peut pas aller sans revenu. Aussi, nous nous élevons avec force contre les propositions de la Commission européenne de rendre les SIE largement non productives par la suppression des intrants.

Nous attendons que l’on fasse confiance à notre sens des responsabilités. Nos instituts techniques travaillent, nous faisons évoluer nos pratiques. L’agriculture de précision avance. Disposer de moyens de production adéquats, c’est également pouvoir avoir recours au stockage de l’eau et à l’irrigation. Nous attendons un réel engagement des pouvoirs publics en la matière. C’est une politique de création de valeur et de sécurisation de l’agriculture!

Les biocarburants

Les dernières propositions de la commission sont inacceptables. Cela démontre une méconnaissance totale de la réalité et un manque de courage face à certaines ONG ! N’opposons pas alimentaire et non alimentaire. Les biocarburants français et européens produisent aussi pour l’alimentation animale. C’est l’avenir des grandes cultures et  de l’élevage qui est concerné par ces évolutions. L’interdiction de biocarburants de première génération aura un impact direct sur la production d’oléagineux, sur la valorisation des céréales ou des betteraves mais également sur la compétitivité de l’élevage. Nos sorts sont liés.  C’est d’abord la production européenne qu’il faut soutenir.

Pour terminer je souhaiterai insister sur l’importance de nos filières, pour la création de valeur, pour accroître notre compétitivité, anticiper et répondre aux attentes et aux évolutions réglementaires, à l’image de la fin des quotas sucriers en cette année 2017. Nous voulons apporter notre contribution à la croissance et à l’emploi en France, c’est clairement notre choix pour produire plus et produire mieux.